Révélation : Batman est un pyramidiot !

J'aurais probablement du le voir venir. Après tout, le mec décide de combattre le crime à coup de bourre-pifs en cosplay de rongeurs. Mais quand même, découvrir ça au détour d'un comics, c'est moche :


Best detective evaaaaaar !!

Et non, ce n'est pas un fake. Cette image est tiré du comic “Batman : Book of the Dead” qui fait partie de la série “Elseworld” de DC Comics (aka une série d’histoires Batman se déroulant dans des univers alternatifs comme Batman au moyen âge, Batman année 30, Batman à la plage,…).

Même que cette purge est en deux tomes :


Dedans on retrouve tous les grands classiques pyramidiots rigolos comme :

Les pyramides ont trop été construites par les atlantes aliens du futur du passé !


Les archéologues nazi du FBI communiste canadiens c’est tous des salauds, même qu’ils ont tués les parents de Batman !!


Les mayas l'abeille et les égyptiens stro pareil t'entends !


L'inversion du sens des pôles va tous nous tuer en 2012 tu sens !!


Il y a trop une chambre secrète dissimulée au bout du tunnel de la chambre de la reine, tu touches !!


Les pyramides stro complexe quoi !!


Notez le bonus du gros mytho sur la provenance de l'immense majorité des blocs de la pyramide et sur l'absence de représentation de barges. Parce qu'il y a rien de tel que quelques mensonges pour être totalement pyramidiot

Omagad, en vrai le sphinx a 14 000 ans !!1


Les pyramides c'est une carte de la galaxie d'Orion gros !!1


Atlantis !!!!!!!!!!!!!111


Heureusement, au milieu de tous ces mythos déjà répétés ad-nauseum par les pyramidiots non déguisés en rongueurs, il y a aussi des trucs totalement inédit comme le Bat-logo camouflé dans des gravures Mayas :


Comme quoi, je n’étais pas si loin du compte avec mon :


Pour les deux du fond qui ne connaitraient pas encore mon article "la révélation des pyramides, le documentaire en mousse", cliquez ici !

Oh, et pour ceux qui pense que "c'est juste une BD, de la fiction", l'auteur du comics balance ce post-face :


Emphase sur "facts" et "reality-based"

Bref, à lire pour rire un grand coup, mais pas se moquer, parce que le respect c’est super important bande de gros enfoiray de bâtards de mayyyyyyrde !!!!1

Projet Faille & Justice céleste


Oh, hey, salut ! Sans vouloir paraphraser les enfants courjeau la première fois qu’il ont ouvert un frigo : j’ai vu de la lumière, alors je suis entré !

Comment ça, tout le monde s’en fout ? Je sais bien que je n’ai pas mis à jour le blog pendant deux ans, ce qui, en temps internet correspond à six millénaires au moins, mais c’est pas très Charlie de votre part bande de salopiots ! J’avais même préparé une série d’excuse :

  • Mon chien a mangé ma piscine.

  • Je me suis découvert une passion dévorante pour la chute libre zoomer très vite sur google earth.

  • Les séances d’horticulture pour entretenir mon poil dans la main me bouffent tout mon temps.

Mais comme je suis plus honnête que la plus honnête de tes copines, en vrai, j’étais occupé à écrire. Sauf qu’au lieu d’écrire sur Nioutaik pour me plaindre des scénarios de films pourris et autres théories du complot en carton (je sais, c’est parfaitement scandaleux), je me suis lancé dans l’aventure de l’écriture de romans (parce qu’il faut bien varier les plaisirs ma bonne dame).


Ce que j’imagine faire


Ce que je fais en réalité

Le résultat, c’est le bouquin dont la couverture illustre ce billet. Et pour ceux qui se le demandent, non, ce n’est pas l’histoire d'un type qui high-five des vitres !! Voici le résumé :

Que feriez-vous si, du jour au lendemain, vous vous retrouviez dans une école ressemblant plus à une prison qu'à un établissement scolaire ? Une école où l’échec signifie au mieux, la mort, au pire... non, mieux vaut ne pas parler du pire.

Florian va le découvrir. Entre les faux semblants et la surveillance constante, parviendra-t-il à fuir cet endroit mystérieux avant qu'il ne soit trop tard ? Et surtout, supportera-t-il la terrible vérité cachée derrière les murs de l'Institut ?


Il s’agit d’un thriller avec du suspense dedans son corps, un brin d’horreur, d’espièglerie, c’est le pays de candy !!, et beaucoup de mystérieux mystères pleins de vraies révélations derrière (aka, c’est pas du mystère "on chiera une explication vite fait en dernière saison, TKT je gère gros" façon LOST quoi). Comme je suis génétiquement incapable de ne pas raconter d’ânerie, j’ai même ajouté à tout ça une couche de l’humour idiot auquel je vous ai habitué.

Si le pitch vous plait, ou si les premiers chapitres dispos en prévisualisation sur Amazon vous donnent envie de continuer la lecture, vous pouvez le choper en ebook pour la modique somme de 2.99€ (soit le prix de 3 cafés normaux, ou une goutte d’un café Starbuck), EDIT : ou à 9.98€ en version papier ici : 2.99€ ou deu pour manjé - Projet Faille. Vous pouvez le lire sur liseuse kindle, voir sur n’importe quelle tablette ou téléphone avec l’appli Amazon (EDIT : ou avec vos mains pleines de doigts si vous l'achetez en version papier, oeuf course).


Ou en cliquant sur l’image de la couv, ça fait pro web 0.5 de cliquer sur les images

J’ajouterais que tout soutien est plus que bienvenue. C’est un gros saut dans l’inconnu assez flippant donc si vous appréciez l’histoire, le savoir motive énormément. D’ailleurs, si vous êtes bloggeur littéraire (ou tout autre type de critique de bouquins) et que vous souhaitez décortiquer le bazar, n’hésitez pas à me contacter.

Et enfin, pour ceux qui auront eu le courage de lire ma diarrhée verbale jusque là, voici en cadeau (ou punition selon les goûts !) une mes dernières nouvelles. Elle devrait rappeler pas mal de trucs aux habitués du blog. Et le plus beau, c’est qu’elle vous coutera 0€, soit le salaire annuel d’un pauvre. En joie !





Partie 1 – Justice céleste


« Foutredieu, quelle poisse », marmonna Bartholomeus alors qu'il feuilletait pour la millième fois les documents posés sur ses genoux. Difficile de faire pire dossier que celui là, et pour son premier jour au poste d'avocat du paradis en plus.

Une moue contrariée sur le visage, il se rencogna contre le dossier moelleux de son nuage-fauteuil et réajusta sa toge. L'intérieur de son crâne résonnait comme si la cloche de l'Apocalypse elle-même y jouait un concerto privé. Qu'est ce qu'il allait bien pouvoir tirer d'un cas pareil ? À moins d'un miracle, et il était bien placé pour savoir qu'ils étaient aussi rares que des doigts intacts sur la main d'un lépreux, rien ne sauverait l'âme de son client.

Des ronflements l'extirpèrent de ses ruminations. Le client en question, engoncé dans une cote de bure dont la ceinture de corde peinait à retenir le bide, dormait, roulé en boule. Des volutes de nuages remontaient dans ses narines à chacune de ses inspirations.

Bartholomeus poussa un soupir. Le passage dans l'au-delà avait tendance à assommer les nouvelles âmes et il était conseillé de les laisser s'éveiller naturellement. Malheureusement, s'il voulait une infime chance de lui sauver les miches, il devait se mettre au boulot, et vite. Cela dit, la précipitation n'excluait pas le professionnalisme. Que disait cette vieille carne d'Archange Michael déjà ? Ah oui, « L'âme du client en douceur tu accueillera ». Posant une de ses sandales sur l'épaule du curé, il le secoua légèrement.

— J'ai pas toute la journée, on se réveille, l'audience est dans moins d'une demi-heure.

L'ecclésiastique roula sur le dos ; la lumière du soleil se refléta dans sa tonsure bordée de cheveux gris. Ses ronflements reprirent de plus belle, soulevant ses poils de moustaches. Bartholomeus poussa un nouveau soupir, le second d'une longue ribambelle il le sentait.

— Allez, faites un effort ! cria-t-il en lançant une rafale de coups de la pointe de sa sandale.

Comme s'il venait de coincer son slip dans un piège à loups, le curé se releva d'un bond et hurla à pleins poumons :

— Aaaaaah ! À gauche, à gauche pour l'amour de Dieu !

En dépit de son mal de crâne qui montait dans les octaves, Bartholomeus ne broncha pas. Chaque âme réagissait très différemment à son réveil. Certaines se mettaient même à vomir partout. Trop plein d'émotion disaient certains, aussi s'estimait-il heureux de n'avoir qu'un crieur. Relaver son Cumulo-tapis dès le premier jour, non merci.

Ses vocalises terminées, le curé fit des tours sur lui-même, ses yeux écarquillés scrutant la mer de nuage qui s'étendait à perte de vue. Un sourire immense dévoilait ses dents jaunies.

— Le paradis ! (Il gloussa, comme une dinde hystérique.) Merci mon dieu, je n'ai jamais douté.

Miséricorde, s'il se mettait à pleurer de joie, lui expliquer la situation serait aussi amusant qu'un incendie d'orphelinat.

— Monsieur Levasseur, mon père ? (Bartholomeus agita sa main pour attirer l'attention du curé, qui se tourna vers lui, le regard inondé de joie.) Je me présente, ange Bartholomeus, je suis votre avocat.

Le père Levasseur glissa sa grosse main moite dans celle de Bartholomeus et la secoua mollement, deux fois.

— Enchanté ! Vous... vous êtes vraiment un ange ? demanda-t-il, ses yeux ronds comme des billes. Je vous imaginais avec des ailes.

— Oui, euh... (Bartholomeus toussa, gêné.) Je ne vais pas ouvrir ma toge, mais, disons que l'asexualité des anges est un autre des nombreux faits qui a été grandement exagéré à notre propos. Écoutez, j'ai beaucoup de choses à vous expliquer en peu de temps alors asseyez vous s'il vous plaît.

L'homme obtempéra et jucha son gros postérieur sur un nuage-table-basse. Misère, il n'allait quand même pas devoir aussi lui faire un cours de mobilier ?

Bartholomeus s'éclaircit la gorge :

— J'ai deux mauvaises nouvelles.

— Et bien vous n'avez qu'à commencer par la mauvaise, ah ah.

Encore ce satané gloussement. Reste professionnel mon petit Bartholomeus, « La vie du client, tu ne jugeras point » et sa face tu ne tarteras point non plus.

— La première c'est que vous êtes mort, mais ça, vous avez déjà dû le remarquer, dit-il avant de vérifier ses notes. Accident de barque apparemment. Sincèrement, je préfère ne pas savoir.

— C'est pourtant très coca...

— La deuxième, c'est que vous êtes dans la merde, rapport à votre jugement dernier. J'ai le bilan de votre comportement et c'est pas bien joli si vous me passez l'euphémisme.

— Co... comment-ça ? bégaya le curé ; son attitude joviale avait disparu, remplacée par une mine incrédule. J'ai eu une vie de piété. Je n'ai jamais brisé mon vœu de chasteté. J'ai passé quarante ans à aider les plus démunis partout dans le monde. Il y a sûrement une erreur.

Bartholomeus soutint le regard de son client un instant avant de se replonger dans le dossier.

— Je peux vous assurer qu'il n'y a aucune erreur. Le rapport reflète bien tout ce que vous venez de me dire et c'est bien là le problème.

— Je... je ne comprends pas. (Le père Levasseur sembla perdu dans ses pensées une seconde.) Mince... je sais. C'est le pêché d'orgueil pas vrai ? J'ai toujours été trop fier de mes bonnes œuvres.

— Non, non, non, ça n'a rien à voir.

Bartholomeus soupira, encore. A ce rythme, il allait se rabougrir comme un ballon de baudruche percé. Comment expliquer à ce curé l'étendue de son ignorance et la réalité de sa situation catastrophique ? Juste ciel, soutenir son regard de chien battu n'arrangeait rien à la difficulté de la tâche.

— Mon père, avez-vous déjà observé la nature ? Le fonctionnement de la faune et de la flore je veux dire ?

— Euh, oui, à l'occasion.

— Qu'avez-vous remarqué ?

Le curé couvrit sa bouche d'une main et fronça les sourcils. Après quelques secondes, comme touché par la grâce, il écarquilla les yeux et leva un doigt.

— Je sais ! La nature est magnifique parce qu'elle a été créée à l'image de Dieu. J'ai bon ?

Bartholomeus dut invoquer toute sa force de volonté pour ne pas lever les yeux au ciel. Le professionnalisme devenait un concept de plus en plus abstrait. S'il collait un petit taquet à son client, là, maintenant, tout de suite, personne n'en saurait rien. Non, non, non, pas dès le premier jour. « L'âme de votre client, patiemment vous guiderez » disait l'autre.

— Oui mais ce n'est pas vraiment à ça que je pensa... (Bartholomeus s'interrompit. A quoi bon tourner autour du pot ?) Écoutez, la nature est impitoyable. Voilà. C'est pourtant évident, non ? Entre les oiseaux qui tuent les petits des autres pour mettre les leurs à la place, les larves qui infestent le cerveau de fourmis pour les commander à leur guise tel de gentils petits zombies ou même ces insectes là, vous savez, ceux qui ont un pénis conçu comme un pieu et qui perforent leurs carapaces mutuelles pour, enfin vous voyez. Tout dans la nature est prévu pour la survie et la reproduction. Quel qu'en soit le prix !

— Euh.

— Là où je veux en venir c'est, est ce que vous voyez de la piété, de la compassion ou de la chasteté là-dedans ? Moi, pas. Et pourtant, c'est ça que Dieu a créé. Un monde ou la survie de l'espèce règne en maître, ou le faible est écrasé pour éviter de dégrader la lignée du fort. Une gigantesque machine d'amélioration constante.

— J'ai... j'ai bien peur de ne pas vous suivre.

— C'est pourtant simple. Les préceptes de la Bible sont totalement bidons. Ce qu'attendait Dieu des humains était sous votre nez depuis le début, mais vous n'avez rien vu.

— Vous... vous voulez dire que... que pour avoir droit au paradis, j'aurais dû tuer et forniquer à tout va ? demanda le père Levasseur.

— Tuer, pas forcément, même si l'élimination d'un ou deux éclopés fait toujours bien dans un dossier. Forniquer, copuler, s'en mettre plein la lampe, là par contre, carrément. Mais attention, sans préservatif. Vous voulez des descendants, pas des orgies.

Toutes couleurs avaient quitté le visage du curé, à tel point que Bartholomeus aurait pu l'utiliser pour vérifier la propreté de sa toge. Il y était peut être allé un peu fort.

— Surtout ne vous blâmez pas. Vous n'êtes pas le premier à vous faire avoir. Jésus nous aura bien emmerdé avec ses, et je le cite, "petits ajouts persos". Il devait être dans sa phase hippie ou je ne sais quoi. Laissez moi vous dire que s'il n'était pas le fils de Dieu, ça serait un beau fils de pute. Et me lancez pas sur Mohammed ou je vais m'énerver ! Ça fait des siècles que le conseil des anges demande à Dieu d'envoyer de nouveaux messies sur terre, pour clarifier un peu les choses, mais non. Soi-disant qu'il ne veut plus interférer avec le libre arbitre, vous voyez le genre. Ça ne l'empêche pas d'autoriser son fiston à faire apparaître sa tronche sur des toasts de temps à autre, juste pour rigoler.

Le gros ecclésiastique s'était mis à hocher d'avant en arrière, les yeux embués. S'il chialait, ça serait le bouquet. Déjà qu'un enfant qui pleure, c'est chiant, mais un vieux qui pleure c'est chiant et gênant.

— Je sais que cela fait beaucoup d'informations à ingurgiter d'un coup, votre vision de l'existence toute entière est bouleversée, c'est compliqué. Malheureusement, si je veux avoir une chance de vous éviter une éternité en enfer, j'ai besoin de toute votre attention, là, maintenant. (Bartholomeus se pencha en avant et tapota l'épaule du curé.) Je peux compter sur vous ?

Son client opina du chef, les yeux toujours humides ; de la morve s'écoulait entre les poils de sa moustache.

— Bien, dans ce cas, essayez de vous remémorer les fois ou vous vous êtes montré impitoyable, ou vous avez placé votre survie avant toute autre considération.

Comme un poisson rouge essayant de comprendre la théorie des cordes, le vieux curé ouvrit puis referma la bouche plusieurs fois avant de hausser les épaules.

— Et la fornication ? demanda Bartholomeus. Ça a bien dû vous arriver au moins une fois, en douce ?

— Je... j'ai bécoté Elizabeth de... derrière l'église, dit le curé aussi rouge que la culotte d'une vierge le soir de ses noces.

— Votre dossier précise aussi que vous aviez treize ans à l'époque et que vous ne l'avez même pas pelotée. A moins de lui avoir mis un polichinelle dans le tiroir, je ne vais rien pouvoir faire avec ça.

Bartholomeus secoua la tête. Pourquoi se berçait-il d'illusions ? Le dossier ne mentait pas, son client ne pouvait pas lui pondre des évènements qui n'avaient pas eu lieu. L'avocat du diable le boufferait tout cru au procès. Quelle idée stupide il avait eue en se spécialisant dans le droit divin, la justice satanique avait l'air infiniment plus simple.

Des notes de musiques stridentes tirèrent Bartholomeus de ses divagations. Foutredieu, les trompettes du jugement dernier ! Il saisit les épaules du curé et le secoua d'avant en arrière, envoyant balloter sa tête en rythme.

— Il me faut quelque chose ! N'importe quoi ? Vous n'avez jamais donné un coup de pied dans un chiot ? Mentit pour gagner un avantage sur quelqu'un ? Ré-flé-chi-ssez ! Votre éternité en dépend.

Son client se dégagea de l'étreinte d'un mouvement d'épaule. Les sourcils froncés, il fusilla Bartholomeus du regard.

— Puisque je vous dis que j'ai aidé mon prochain toute ma vie ! Malgré mes soucis de santé ! Je suis allé dans les pays les plus misérables du monde pour ça. Mon seul loisir, la seule chose que je ne faisais pas exclusivement pour les autres, était la botanique. Et non, je n'ai jamais frappé de cancéreux ou je ne sais quoi avec un Epicéa ! (Aussi vite que sa bravade l'avait réveillé, le curé s'affaissa, la tête entre les mains.) Miséricorde. Tout ça est une farce. Que va-t-il advenir de moi ?

— Qu'est ce que vous venez de dire ?

Le curé releva la tête, un filet gluant s'étirait entre son nez et sa main.

— Que... que c'était une farce.

— Non, pas ça. Au début. Oh et puis laissez tomber.

Comment avait-il fait pour ne pas remarquer ce détail qui crevait pourtant les yeux ? Bon dieu, avec un peu de chance, ça pouvait marcher, il pouvait le sauver. Un sourire immense se dessina sur le visage de Bartholomeus alors qu'il saisissait le curé hébété par le bras :

— Suivez-moi, le juge déteste attendre.



Partie 2 – Jugement céleste


— ...cet homme n'a jamais trempé son biscuit. Pas une seule fois chers membres du jury. Vous ne voulez quand même pas laisser entrer un gros puceau au Paradis ? Et si ça ne suffisait pas, il a nourri des pauvres. Des pauvres ! Quel boloss fait ça je vous le demande humblement ?

Comme Bartholomeus s'y attendait, l'avocat du diable, superbe dans son costume trois pièces noir, s'en donnait à cœur joie. Au centre de la salle du jugement, dont les colonnes ceignaient un amphithéâtre émergeant des nuages, il haranguait un parterre d'une vingtaine d'anges en toges blanches. Le juge, Saint Pierre, s'endormait à moitié sur son pupitre. Son petit marteau de bois avait déjà menacé de s'échapper de ses mains par trois fois alors que sa tête s'affaissait sur son torse.

— Ça va bientôt être notre tour, détendez-vous, chuchota Bartholomeus pour essayer de calmer le curé qui se tortillait nerveusement, comme en proie à une gastro surprise.

Son plan tenait à peu de chose. Il ne pouvait pas se permettre de voir son client s'effondrer au milieu de la salle comme une loque, ça ferait mauvaise impression.

— Et le pire, poursuivait l'avocat du diable, son sourire carnassier réglé en mode séduction. Le pire, ce sont les centaines de millions, que dis-je, de milliards d'héritiers potentiels qu'il a assassinés froidement ! Étouffant leurs doux visages ronds et blanc au fond d'une chaussette, quand tout ce qu'ils demandaient était une chance, une simple chance de vivre. Oui, mesdames et messieurs du jury, cet homme se masturbait très fréquemment.

Un brouhaha d'horreur parcourut les rangs des jurés. Foutredieu, Bartholomeus avait oublié ce détail. En même temps, dur de retenir toutes les horreurs qu'entraine une vie pieuse.

— C'est vraiment n'importe quoi, grommela le père Levasseur.

— Et c'est pourquoi, continuait l'avocat du diable l'air de plus en plus satisfait. Je demande à ce que l'âme de ce pêcheur soit confié à la charge de mon employeur pour l'éternité. S'ils se complait tant à être un dégénéré, ce ne serait que justice. Ce sera tout, monsieur le juge.

L'avocat du diable reprit sa place à la gauche de l'estrade. St Pierre sursauta, sembla se rappeler ou il était avant d'annoncer la plaidoirie de la défense. La gorge sèche, Bartholomeus s'avança, sa toge volant à chacun de ses pas. Il devait rester calme. Inspirer, expirer. Comme pendant les travaux pratiques, tout allait bien se passer. Que disaient ses profs déjà ? « Une bonne plaidoirie est une plaidoirie morte. » Ah non, rien à voir. « Une bonne plaidoirie doit toucher les cœurs avant les esprits ». Oui, voilà, bien mieux.

— Chers membres du... euh... juré, jury. (Bartholomeus toussa bruyamment. Inspire, expire.) Oui, je l'admets moi-même, cette âme a commis des actes abjects. Oui, elle doit vous sembler psychopathe, déviante. Après tout, pourquoi n'a-t-elle même pas essayé de toucher les fesses de la petite Elizabeth derrière l'église alors qu'elle l'avait chauffée à mort avec sa jupe Bob l'éponge ?

Une bonne partie des membres du jury opina du chef. Parfait, il avait au moins leur attention.

— Et pourtant. Et pourtant, poursuivit-il. Cette âme a bel et bien profité de la vie comme Dieu le souhaite, mais elle l'a fait tellement subtilement, tellement vicieusement, que même mon cher collègue Avocat du diable n'y a rien vu. Observez la donc, chers membres du jury. (Bartholomeus pointa du doigt le curé voûté sur sa chaise, la mine dépitée.) Que voyez-vous ?

S'approchant d'un pas vif de son client éberlué, il agrippa à pleines mains sa bedaine et l'agita. Elle trembla comme un bol de gelée. Satisfait, il retourna au devant du pupitre des jurés.

— Mais qu'elle est obèse bien sûr ! Obèse ! Allez-vous me dire que ce corps boursouflé par la graisse est le genre de physique que l'on gagne en se nourrissant exclusivement de miches de pain et de riz ? Est-ce le genre de physique que l'on produit en vivant au milieu des plus pauvres parmi les plus pauvres ? (Il marqua une pause, jaugeant chaque juré dans le blanc de l'œil pour les laisser s'imprégner de la question.) Bien sûr que non. C'est donc la preuve évidente que, sous ses airs de dégénéré, mon client n'a jamais oublié son propre bien être. Oui, il a volé dans les réserves des pauvres. Oui, il a retiré la nourriture de la bouche de petits cancéreux pour l'enfourner dans la sienne en ricanant ! Oui il a regardé mourir des Somaliens en s'enfilant des tartines de beurre et cela, juste. Sous. Leur. Nez. Oui, c'est un gros morfal comme nous les aimons tant !

Le brouhaha s'intensifia à mesure que les jurés se concertaient, discutaient entre eux, commentaient. St Pierre dut même interrompre sa sieste pour exiger le silence. Bartholomeus dissimulait à grand peine son sourire. Il avait un peu exagéré les choses, mais, comme l'avocat du diable ne pouvait plus intervenir après sa plaidoirie, tout allait bien. Ne restait plus qu'à récolter le fruit de ses efforts :

— C'est pourquoi, mesdames et messieurs les jurés, je demande votre clémence, que dis-je, votre admiration pour l'incroyable malice dont à fait preuve mon client tout au long de sa vie. Il mérite le Paradis, rien de moins. Ce sera tout, monsieur le juge.

Bartholomeus regagna le banc des accusés le pas léger. Il avait fait de son mieux avec une situation pourrie.

— Mais c'est n'importe quoi, chuchota le curé à son approche. Je ne suis pas obèse, j'ai un problème thyroïdien.

— Taisez vous espèce d'idiot, l'interrompit Bartholomeus. Je viens de vous sauver l'éternité alors ne venez pas tout gâcher maintenant.

Le curé se renfrogna, mais ne dit rien. Toute trace d'émerveillement avait définitivement disparu de son visage. Pas trop tôt.

Le jury délibéra pendant une heure avant de revenir annoncer sa décision au juge Saint Pierre. Après quelques hochements de tête, ce dernier frappa son pupitre de son marteau.

— Silence s'il vous plait. Le jury a délibéré et son verdict est sans appel. L'âme de monsieur Claude Levasseur ici présent sera envoyé pour toute éternité...

Bartholomeus déglutit. Le temps semblait ralenti, il pouvait presque analyser chaque poil de la barbe du juge, chaque pore de ses lèvres qui s'ouvraient. Son cœur battait à ses tempes.

— Au Paradis.

Les jurés se levèrent comme un seul homme pour applaudir.

— Wouhou, hurla Bartholomeus avant de se tourner vers l'avocat du diable qui lui lançait un regard noir. Dans ta face loser.

— Un peu de tenue ! brailla Saint Pierre en le fusillant du regard. La cour attend de vous un comportement professionnel.

— Désolé votre honneur, je voulais dire que je suis modérément satisfait. Ni trop, ni trop peu. Une joie toute professionnelle.

Bartholomeus ponctua ses propos d'un rire jaune puis se tourna vers son client qui semblait ne pas en revenir. Yeux brillants, bouche bée, un maigre sourire mangeait ses traits.

— Dieu merci, vous... vous avez réussi.

— La classe hein ? A vous la grande vie ! C'est l'orgie permanente là dedans, et le top c'est que vous n'êtes même pas obligé de faire des gosses. En plus il y a des montagnes de victuailles et aucun pauvre à molester pour en avoir, enfin, à moins que ce soit votre truc, dans ce cas on vous trouvera un ou deux miséreux, on s'arrangera. Vous allez enfin pouvoir pro-fi-ter.

Comme s'il venait de pisser dans son bénitier, le curé doucha la joie de Bartholomeus d'un regard.

— Me dites pas que l'enfer c'est...

— Méditation, abstinence, bref, tous les trucs chiants. On appelle pas ça l'enfer pour rien non plus. Vous allez enfin pouvoir vous lâcher je vous dit. Elle est pas belle la mort ?

— Mais, mais, je ne veux pas y aller. A ce compte là je... je préfère l'enfer. Je refuse. (Le curé se précipita au milieu de la salle.) Monsieur le juge, mon avocat à mentit ! Je ne suis pas obèse, j'ai juste un problème de santé. Envoyez moi au purgatoire.

— Silence ! hurla Saint Pierre en frappant la table de son marteau comme s'il tentait un high-score de tape-tape marmotte. La décision est sans appel. Amenez-le.

Deux archanges tout en muscles émergèrent du pupitre, se saisirent de son client et le traînèrent, hurlant, vers les portes du paradis.

— Pitié ! Miséricorde !

Bartholomeus épongea son front en sueur. Quelle affaire. Il espérait que la prochaine soit plus reposante. Un violeur en série, ça, ça serait bien.

FIN ?



Brââf. Si vous voulez suivre un peu ce virage littéraire, voici deux adresses :

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Pour les autres, à dans moins de deux ans j'espère :D ! Mouhahahahahahahah ! Bisous sur les fesses quand même.